Quand la Voix s'en va... par Natacha Jouët, Coach de la Voix
Avez-vous déjà croisé quelqu’un qui avait perdu sa voix suite à un choc, une rupture amoureuse ou un accident ?
J’ai croisé plusieurs personnes dernièrement dans cette situation et j’ai découvert ce qu’on appelle l’aphonie psychogène. Elle correspond à une perte brutale de la voix sans facteur organique.
Voici un lien vers le court descriptif d’une psychologue sur cette pathologie : https://www.chloeblachere.com/2022/02/20/qui-consulter-dans-le-cas-dune-aphonie-psychogene/
J’évoque et entends souvent des situations où l’on reste « sans voix », ces instants où l’on reçoit une réflexion qui reste « coincées dans la gorge », aux émotions trop fortes qui empêchent de s’exprimer, de se défendre, de se sentir à sa place.
J’écrirai également un article sur les techniques de manipulations verbales qui « coupent » la voix de sa victime, le privant de son droit de réponse par la confusion.
Cet été sur une terrasse lors d’un concert que je donnais, je rencontrai un jeune afro-américain à la voix « soufflée ». Il m’expliqua en anglais, faisait un signe comme si on lui avait coupé la gorge, qu’il avait littéralement perdu sa voix, suite à une rupture amoureuse.
Lui, qui adorait chanter, n’avait plus jamais sorti un son depuis, sauf en chuchotant.
C’était très émouvant, j’ai eu de la peine pour ce jeune homme et me demandait comment une telle situation pouvait être accompagnée, et de quoi cela procédait réellement.
Certains articles de santé mettent en perspective une somatisation, un conflit interne résultant d’une fuite psychologique. C’est une situation poussée à son paroxysme certes…
Mais ce que je trouve intéressant, c’est d’observer combien des situations émotionnelles précises peuvent coincer littéralement et plus où moins ponctuellement notre voix dans une forme d’aphonie temporaire, et plus largement dans le spectre de notre expression.
J’ai pu le constater lors d'accompagnements vocaux des "zones blanches" dans la voix et dans l'expression, notamment dans le passage des graves vers les aiguës.
En haut ou en bas, ça sonne mais entre deux plus rien ne sort. Ce passage a pu se rétablir à chaque fois par une régression émotionnelle. Nous plongeons au cœur du nœud qui fige les cordes vocale et allons mettre en lumière la blessure ou la croyance ayant provoqué ce blocage.
Toutefois, il est impératif dans une aphonie comme décrite plus haut d'aller voir un orthophoniste, un phoniatre complété d'un spécialiste en trauma complexes ( si vous cherchez quelqu'un, je mets une liste de contacts de personnes de confiance hautement qualifiés, avec qui je travaille, sur ce site ).
Une amie proche, pouvant utiliser sa voix pour parler, est incapable d’émettre un son chanté en présence d'une tiers personne, proche du malaise à l’idée de chanter devant quelqu'un.
Cet état lui volant sa voix, la plongeant dans une forme d’aphonie ponctuelle, phénomène ne se manifestant pas quand elle chante seule chez elle, avec elle-même.
Par ailleurs, cette amie présente également une grosse pathologie au niveau de la tyroïde.
La tyroïde est située dans notre centre de la voix. Elle est un peu le chef d’orchestre de notre corps et représente sur un plan symbolique notre créativité et notre capacité d’expression.
Son dysfonctionnement peut provenir d’une difficulté à exprimer ses propres besoins et ce qui est important pour soi, notre difficulté à être reconnu dans l’expression de nos capacités.
Dans ma réflexion, je relie également cela à la joie d’être ce que l’on est et de s’accomplir, s'épanouir dans nos capacités et nos talents.
Le sujet de cet article semble faire un pas de côté et pourtant nous pouvons constater combien nos vies sont jonchées d’obstacles, de personnes qui cassent littéralement notre joie, reproduisant eux même la souffrance d’avoir été cassés sans doute, depuis des générations et des générations.
Et l’être surpris, se retrouvant quasi en état de sidération à chaque fois à opiner du chef car trop habituée à l’ingérence ordinaire, à subir des gens qui sont sensés respecter et soigner. Comme l’enfant que nous étions attendait de ses parents, bienveillance et soutien…
A ce moment précis, une voix pétrie d’incertitudes, coincées dans la gorge, tente de se justifier, en position d’enfant sage…
Mais voilà, nous ne sommes plus des enfants ! Alors comment sortir son étendard d’adulte affirmé et de sa voix forte dire à haute voix « Merci mais cela ne te regarde pas » !
Il y a un monde entre une voix / psyché qui a peur de s’affirmer et la pathologie d’aphonie pathogène, et pourtant j’y vois un lien. Cette pathologie décrite plus haut est une version extrême du processus.
Il arrive que nous accumulions dans nos enfances et nos vies des successions de chocs violents, sidérants, où notre élan de vie est constamment rabroué, mis à mal… grignotant progressivement l’éclat de notre expression, s’habituant presque à ne plus émettre le moindre son, sauf en cas de nécessité.
Et nous gardons ainsi nos plus grands chagrins, laissons les extérieurs nous éclabousser de leurs propres croyances et projections, piétiner nos rêves et nos créations, leur cédant les pleins pouvoir de notre voix…
Au point de perdre le fil de l'être et de notre identité, devenir même dépendant de ces voix-là, qui finalement nous accordent une forme d’attention ? Nous pouvons alors les accuser de tous nos maux, des mots que nous ne savons formuler.
Laissant ainsi l’amour absent ou douloureux, pourtant tant attendu, de nos parents, familles, amis ou amoureux, venir prendre les pleins pouvoir sur notre estime/valeur personnelle, nous coupant de notre relation à nous même, à l’amour propre, entretenant des croyances sur notre sujet…
Pourtant, il ne tient qu’à nous de prendre la décision de les mettre à la porte, de reprendre l’écriture de notre livre intérieur, d’en écrire le contenu, contours et de définir qui nous choisissons d’être et d’exprimer.
Car la seule voix dans tout ça, qui a le pouvoir de reprendre le pouvoir de cet amour-là, c’est la nôtre.
Aussi douloureuse soit cette réalité, elle est aussi la plus grande bonne nouvelle sur nos chemins de résilients.
Il n’y a que nous qui puissions réparer le conflit à l’intérieur, combler le vide des dommages causés, résilier l’amour dur en amour tendre pour nous même.
Mais la mémoire est ainsi faite que pour nous protéger, notre voix va pendant longtemps croire que se terrer est la solution. Se confronter au conflit intérieur est insupportable même si sa verbalisation en est la clé.
Rester victime nous protège un temps.
Alors où se situe cette partie de nous qui choisi de se murer dans le silence, qui n’a pas même conscience des ruminations, qui camoufle le fracas derrière le froid sombre d’un matin d’hiver ?
Qu’est ce qui justifie au plus profond de notre psyché que l’on ne se confronte pas, que l’on ne se reconnaisse plus dans l’instance de la vie qui nous anime ?
Une voix qui s’éteint est une voix qui hurle toute la douleur de son impuissance, comme un sanglot dans la nuit.
Et pourtant, son message vient nous chercher au plus profond de nos entrailles, comme un appel du fond de l’âme, comme un ancêtre qui nous hante...
Poussé par l'ultime urgence à se choisir soi, et nul autre ?
Nulle autre voix que ce que l’on choisit d’être ?
Et vous, ça vous est déjà arrivé ?
Un choc qui vous laisse sans voix ?
A court, à moyen terme ?
Si ces réflexions résonnent, écrivez-moi s’il vous plait et faites-moi part de vos témoignages :
N’hésitez-pas à me laisser vos coordonnées si vous désirez être rappelé.
En toute bienveillance !
Bien à vous.
Natacha,
Coach de la Voix & de l'Hypersensibilité,
certifiée en Neurosciences Appliquées.
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