Voix de l'âme, voix de larmes

Publié le 25 décembre 2021 à 20:48

Comme un soir de Noël en écoutant Ludovico Einaudi – Drop… Dehors il ne neige plus.

« Voix de l’âme, voix de larmes… »

 

Dans certains rendez-vous du temps et de la tradition, perdure une sensation obscure et parfois presque imperceptible, comme un malaise qui plane, un rictus derrière les lumières étincelantes, une boule dans la gorge retenant son souffle…

Il y a celles qui s’étonnent et ceux qui n’ont pas besoin de beaucoup de mots pour savoir exactement à quelle sensation je fais allusion. Entre joie, déni, impatience, fuite en avant, excitation ou devoir, les émotions s’entremêlent aux lumières incandescentes et magiques des souvenirs d’enfance.

Quand une odeur de cannelle vient chercher la gourmande tendresse d’une grand-mère, on peut être soudain rattrapé par le souffle coupé d’un père humiliant et d’une petite fille ravalant ses larmes. Et dans ce tourbillon où bombance devient légion pour humains privilégiés, d’autres se heurtent à la solitude, seuls où mal accompagnés. La tradition et les héritages sortent leurs plus beaux habits sur les mots de trop où les non-dits, sur les blessures d’injustice, d’abandon… avec dans le cœur toujours ce besoin d’être aimé, ce besoin si fort d’être considéré pour ce que l’on est.

Être ensemble jusqu’au cœur de la nuit, est-ce cela que Noël a su perpétuer ? À l’origine cette veillée millénaire conduisait ses âmes du crépuscule au petit matin. L’esprit de Noël réunissait dans sa lumière les cœurs les plus opposés, les plus proches comme les plus seuls dans son cocon de nuit aux confins de sa nuit la plus longue, l’alchimie ouvrant sa porte sur l’hiver.

Alors me direz-vous (encore) et la voix dans tout cela ? Il y avait les voix qui chantent. Dans ces veillées de lumière et de partage, on chantait tard et tous (ou presque) autour de la table. De plus en plus fort à mesure que les verres se vidaient comme pour tenir à distance les ténèbres, tous solidaire à chasser les ombres en tenant la voix haute pour offrir au jour son petit matin.

Et puis la voix porte la mémoire de ces moments-là… Ces instants de joie, de fête et d’enthousiasme sont aussi pour beaucoup synonymes de souffrance, de solitude, d’injustice ou bien d’autres émotions camouflées. Bien souvent on essaye de faire bonne figure mais par moment cela peut aussi déraper. Entre alcool, frustrations et non-dits accumulés, les réunions de famille, particulièrement pendant les fêtes, peuvent devenir le théâtre des jeux de souffrances transmis de générations en générations, pour nos enfants intérieurs meurtris.

Lors d’un coaching ou un cours de chant, c’est presque systématique qu’une blessure de non-dit (bien souvent transgénérationnelle, cf. l’épigénétique) vienne nouer la gorge et bloquer les mâchoires. Une blessure d’humiliation peut venir inhiber des facultés à chanter par peur intégrée dans l’inconscient d’une mise en danger « si je m’exprime ou si je dévoile qui je suis vraiment ».

C’est ainsi que les temps dits de « Fêtes » de fin d’année, peuvent réveiller des blessures plus anciennes. Elles peuvent se manifester par une mélancolie comme une angine, voir une extinction de voix, jusqu’à un profond malaise intérieur.

Je suis reconnaissante pour toutes les belles âmes qui se réjouissent de ces moments-là et savent les traverser dans la joie et la lumière qu'ils devraient être pour toutes et tous. Mais ma pensée va pour les autres.

 

Je souhaiterais tout d’abord vous serrer fort, sans distanciation ni masque. Et j’aimerais vous dire ceci. Profitons de ces instants-là pour devenir acteurs de nos vies, prendre conscience juste de ce que l’on ressent et nous respecter…

Le sens du devoir ou des traditions existe-t-il réellement si l’amour sincère et le respect de notre propre valeur ne sont pas au rendez-vous ? Chacun fait comme il peut mais je crois qu’il est à notre portée d’évoluer, d’aimer plus (soi-même et les autres) et d’essayer de faire quelque chose avec nos souffrances.

Certains travaillent dans les hôpitaux de jours, d’autres gâtent leur famille en faisant tout ce qu’ils peuvent pour faire plaisir à chacune et chacun, d’autres sont seuls alors qu’ils ont distribué de la nourriture toute la semaine précédente pour les plus démunis, d’autres deviennent un refuge pour les demandeurs d’asiles et sans abris… Toutes et tous portons en nous des souffrances, des histoires et des milliers de sanglots qui n’ont pas été pleurés depuis l’aube de l’humanité.

                                                                

Notre monde actuel exacerbe la souffrance, le manque, la solitude, la misère et la séparation…

Alors… Si on tombait le masque un instant et si on laissait notre voix nous dire ce qu’elle ressent vraiment… En s’éloignant en voiture ou en forêt, crier, pleurer, chanter à pleins poumons… Où la laisser nous écrire ?...

Laisser ce p***** de regard de l’autre à la porte et être honnête avec soi, s’offrir ce cadeau-là. A défaut de pouvoir, ou savoir dire… Juste laisser sortir de cette voix, les larmes ou les éclats de joie, une chanson, une lettre que l’on n’a jamais écrite que l’on brûle ou que l’on envoie, au choix… un oui qu’on n’a jamais osé dire, un non qu’on n’a jamais su affirmer, un VTFF bien mérité, laisser un message que peut-être on regrettera, dire Je t’aime même si l’on ne sait pas, dire je m’aime même si je n’y crois pas… Essayer…

 

Laisser la porte ouverte à sa voix, sa petite voix à soi… Laisser toutes les autres derrière, celles qui ne nous appartiennent pas… Un instant de vérité avec soi. Essayer en tous cas et ne jamais oublier qu’on fait de notre mieux… A chaque nouveau matin, libre à nous de choisir les mots que l’on écrira avec notre voix… se saisir de notre plus belle plume et choisir de dire, même si ce n’est que se le dire à soi, se dire tout bas, tout ce qu’on aurait rêvé entendre… Juste un je t’aime je suis fière de toi aurait suffi parfois… Mais à défaut de le recevoir, nous pourrions apprendre à le donner, d’abord à soi, au petit être que l’on a été et qui a fait du mieux qu’il pouvait… le dire à nos proches, à cette famille que l’on s’est construite, le dire même sans voix, avec les yeux... Et si on ne sait pas trop se le dire, le dire à l’autre, même tout bas, c’est aussi se le dire à soi…

 

« La voix de mon âme nettoie mon cœur. Dans le secret de mes larmes, j’apprendrais à chaque nouveau jour, à me souvenir des mots simples et sincères, prendre soin de mon essentiel et sortir cueillir les arcs-en-ciel. » L’Acantah

Bien à vous, Joyeux Noël.

Natacha

www.lacoachdelavoix.fr

 

Ajouter un commentaire

Commentaires

Anne Marie Jouet
il y a 3 ans

VTFF ?
Finalement on a besoin de la voix et de l'écriture pour être complet ❤